
Poésies Jean-Luc OTT
HIER EST ENCORE
« Komm, süsser Tod
Viens, douce neige
Trop longtemps déjà nous avons aimé
l’impur été ».
Lalla ROMANO
1.
Neige éblouissante de clarté
qui fait plisser les yeux et efface les choses
à chaque fois
Le cœur respire à fond
Le regard espère quelque phénomène
sortant de l’odieux silence si bon
Là tout peut être dit
tout peut être pensé
Bien sûr je prends appui sur ce qu’il y a
dessous la neige
les pas les traces qui vont et viennent
et Je ne sais jamais très exactement où j’en suis
C'est peut-être encore la savane
des premières heures
lorsque l’on riait des premiers flocons
électrisant tout ce qui était autour de nous
et tout ce qui était en nous
et la nuit frappée du doute
devenue toute claire
2.
Tout lire est impossible
J’ai fait le choix de ne plus lire que des poèmes
concis ceux qui disent en quelques mots
comment va le monde intérieur
L’esprit est un point minuscule habile
à surprendre l’oiseau de la vie - là où il va –
là où il se pose
Je sens encore cette pierre dans ma paume
que j’ai jetée pour ne pas me perdre
pour ne pas nous compromettre
Pourtant ce fut ton présent le plus précieux et ta révolte
que j’ai laissés perdre par faiblesse
Cette pierre n’existe plus elle a vécu son rôle de témoin
je peux lire son destin dans ma paume
En ces heures paresseuses tardives
où tant de choses sont remises en cause
plus que jamais il y a des combats à mener
des émois en lutte en dedans de nous
Lis - lis sans cesse le poème jusqu’à l’entendre
prononcé par ma voix dans l’exacte scansion
qu’il attend de toi pour nous faire renaître
alors seulement il sera défait.
3.
C’est comme le vent tu ne peux l’arrêter
de tes mains devenues transparentes
Le vent ne s’arrête pas
même si tu le voulais très fort
Il glisse à travers les branches de tes pensées
comme un orgue tuyautant ses phrases sans fin
sans aucune tenue
Parler ensemble n’a plus de sens
Même si je suis fidèle comme un chêne
enraciné par des paroles vaines
Combien d’années durant combien
d’années encore à tutoyer des poèmes
en dilettante sitôt dits sitôt perdus
Gonfler les joues soufflant fort
combler le vide entre des nuages
nonchalants qui s’esquivent
Parler ensemble est mensonge à la vie.
5.
De la pente dévalent les jaunes criards
comme des lumières familières
désorientent l’arête du temps
qui va
Tu sais ce que tu sais
et fais de jeunes promesses de possibles
irréalités une montagne de genets odorants
Tout se décide là tout se dénoue enfin
dans la pente douce
Dorment ensemble les jeunesses
comme de nouveaux venus à l’ensorcellement
de l’amour à l’incendie des horizons
Ta jeunesse : je n’ai connu qu’elle
la bien éphémère elle qui ne rajoute rien
elle qui m’enlève tout.
6.
Quand tu venais poser ton silence
comme une bête son mufle vigil contre mes genoux
que pouvions-nous dire
sans que les mots paraissent rompre quelque chose
Ni le bruit agité de tes doigts
ni l’orage contenu dans le pouls de mes veines
ni les promesses de calme des derniers oiseaux
avant la nuit
ne pouvaient rendre moins vaine ta présence
Je croyais que ce que j’attendais n’existait pas
Tu avais ton regard triste
pourtant le veau était né à l’étable voisine
avec ce même regard de solitude
J’ai compris le message bien après
et le choyais longtemps très longtemps
jusqu’à ce que dur de certitude il paraisse.
7.
Déjà tu m’entraînais au fond de moi-même
Après que j’ai marché dans la ville
comme un rat dans sa cage des pas infinis
des marches forcées pour perdre le temps
de l’indécis
Les bêtes ne dorment pas
et me pacifiaient patiemment
Je ne pouvais rien faire d’autre
que voir mais avec une clarté de sentinelle
les vents tourner le large venir
Je te reconnus comme l’estuaire d’un fleuve
et j’étais prêt à l’affronter
et à tes yeux absents - invisible troupeau -
je pose la question : pourquoi moi ?
8.
Il y a peu nous étions adolescents
et le monde était déjà vieux comme un livre
Que pouvions-nous dire ?
Si j’avais su que tu vivais vraiment
peut-être que le courage me serrait venu
mais le ciel hypnotise les âmes frileuses
Alors ne me regarde plus de ce regard de noyé
qui m’accuse d’être ailleurs
même sur la mer il y a des villes qui bougent
pleine de lumière safran
Les mots de raison n’ont pas d’écho
J’ai en moi tout un jeu de Salomé
si je m’en donnais la peine
ta tête serait dans mes mains comme un soleil
Il paraît que les grues en automne chantent
à fendre l’âme.
9.
Hier est encore mon hier brûlant
qui d’autre le partagerait ? Il est unique
mais même sans mon consentement
il glissera dans la terre dévoreuse
Y compris les choses immatérielles : les souvenirs
d’enfance l’amour et le frisson qu’induit
ta seule voix sur mon corps
Toutes ces choses paraîtront encore à d’autres
c’est là toute la force de la vie
De temps en temps on bute sur un mot
qui a déjà servi sur une pierre qui a déjà
été prise par une main et qui est seule
à en connaître la cause
Tous ces hier sont accumulés
dans les mémoires éteintes des âmes
Et ce lien à aujourd’hui je le possède
j’ai le pouvoir de ne pas le taire
même si tu n’as plus la volonté de l’entendre
Je l’ébruite comme le cliquetis qu’émet
le silence quand je pénètre dans la chambre
avant de mettre la lumière.
9 bis.
Invisible comme un corbeau blanc hier
est encore dans le feuillage des songes
et la pluie heureuse des jours
Il me lie à la terre comme l’écriture géologique
née de la fonte d’espèces peu prometteuses
aux yeux innombrables
aveuglément pacifiques
Le présent minuscule est bien plus frileux
que lâche il peut avec ce qu’on lui donne
de réchauffements
Je ne sais conter aucune histoire aucune légende
celles-ci viennent de la terre et de l’eau ruisselante
et du hasard le plus secret
Un peu de toi aussi dans la strate
la plus profonde où les os dormants
ne sont pas nettoyés de leur lumière.
10.
Être hors du temps ce n’est pas seulement
ne pas être impliqué dans l’histoire
par manque d’ambition parce que celle-ci passe
au-dessus des têtes comme d’insensés nuages
C’est aussi être rêveur distrait par le futile
le mot qui fait tilt comme une clochette
les nuages qui font route vers le mystère du ciel
Hors le monde il y a un autre monde
je l’ai senti dès que tu as posé tes yeux sur moi
avant de poursuivre ta route obligée
par la lumière qui n’éclaire rien mais qui a fait
route avec tous les mots qu’elle charrie
C’est parfois dans la distraction qu’on éprouve
le désir de vivre.
11.
Le temps est ennemi du vivant
Te voilà sans glose ni scolie
dans la pureté d’un souffle matinal
Encore les heures lentes déplieront la mémoire
méticuleuse comme les pages d’un journal
Tu m’entends qui traverse le temps
qui court à mon secours
J’entre quelque part où il y a de la turbulence
Mais les sentiments ont mûri
comme les raisins des rares coteaux
même les paroles sont moins tranchées
Les peupliers jettent leurs flèches si jaunes
que l’automne en reste muet
Tes lunettes d’écaille posées à côté des miennes
ont le regard éteint des grands lézards
Qu’avons-nous besoin de vers ?
Quelle chance n’avons-nous pas de vivre
12.
Tu me dis : ceci est insuffisant
comme si j’étais la formule des renoncements
mais c’est toi l’être que j’ai aimé
non le mirage des horizons qui s’éloignent
Ce que je te donne vaut bien plus.
Les mots peuvent faire monter aux yeux
les eaux des vagues douces
Qu’avons-nous fait de tout cela ?
Dans le temps de l’hésitation
que n’avons-nous pas fait ?
Te ramener là où les jours rallongent
collant la mémoire comme les odeurs du tilleul
où la jeunesse qui bouleverse
toujours chante derrière son écorce vive
Laisse les mots penser pour nous
puisque toujours nous serons sans comprendre
Puis viendra l’été encore et encore
et nous serons sans voix devant tant d’ardeur.
13.
Que n’avons-nous pas trouvé
dans ce monde si plein de tout
exigeants que nous sommes ?
Ou bien qu’avons-nous trouvé en nous
qui vaut toute chose ?
Je ne peux te confier ce que j’ai ignoré longtemps
Toutes les senteurs mêlées au soleil
la lumière des mers la clarté
qui émane de toute chose
la paix des hauteurs
Le besoin de me faire vivre
mon père l’a voulu ma mère l’a voulu
ton amour l’a voulu
Et je suis toujours là dans l’hésitation
à compter les empans par dizaines
qui m’éloignent des autres
les dons que chacun m’a laissés
pour me convaincre de grandir
Mais de là où je suis je vois suffisamment bien
Et lorsque tu auras compris ma nature
elle ne sera plus comme aujourd’hui
humaine jusqu’à l’ocre le plus profond.
14.
Dis-toi que je n’allais plus feindre
et prendre ma véritable posture
Être soi c’est le propre de l’âme libre
et attendre encore quel sens aurait-il
pour une âme qui a devant elle
un horizon infini
J’impose ma face
J’imposerai l’orientation de la lumière
sur mon visage pour qu’il soit visible
jusque dans ses détails
jusque dans ses défauts
Non pas pour que tu détournes les yeux
mais pour que nous sachions
nous regarder en face
comme deux êtres de chair.
15.
Il arrivera un jour où tout aura été dit
sans que tu daignes réagir
dormant dans ta vie de sphinx
au bout du Nil
le regard tendu vers la mer de Palestine
Il est des voyages faits dont la promesse dure
des souvenirs pliés aux articulations obtuses
qui n’en finissent pas de dérouler leur râle
sagement dans leur coin
Je n’ai fait que cela
répéter toujours comme la mer se répète
en infinis mouvements magnétiques
dans la terreur d’être seule
dans la terreur de ne plus pouvoir dire
16.
Tu fuis comme si tu ne savais rien
cela te dédouane crois-tu
t’exonère peut-être de toute réponse
Mutisme des blanches étendues
L’hiver est une respiration profonde
Où le vent se cogne à tous les murs
Une croix à la tête penchée au-dessus de la porte
C’est encore les années 60 même dans les chambres
des garçons les couleurs sont criardes
Encore à l’étroit dans ce corps risible
Surfant dans un entre-deux de temps
le présent se cherche tout au fond d’un intime
qui ne peut encore lever la tête
Ce qui n’est pas né ne peut pas mourir
si longtemps.
17.
Dans l’eau du lac le ciel est couché paisible
le temps y coule et c’est toujours la même image
dont les chairs se frôlent : un ciel opaque
qui continue à vivre
La nuit aussi quand je ne vois pas Le ciel
engoncé dans le lac vit dans la nuit
Y courent en essaim des poissons tout petits
qui étaient comme si le bonheur s’animait
Ce n’est pas parce que tu es en moi
que ta vie s’arrête je sais qu’elle se brûle
s’affranchit quelque part entre ciel et eau
La jeunesse est le bien que je te donne
aussi longtemps que mes mots circuleront
ils feront de toi l’intouché le point lumineux
qui existe ou n’existe pas mais que l’on croit
voir chaque fois que l’on cherche à voir
Mais je suis vulnérable dépêche-toi de trouver
l’intelligence suffisamment puissante
pour arrimer à la berge cette image
avant qu’elle ne disparaisse.
18.
Voilà la carte de séjour qui t’ouvre
des champs inespérés
Viennent les matins ensommeillés
les midis d’ardente lumière
et les soirs où la solitude des troupeaux
t’enferme dans l’enfance
Comme sur un lit de gravier
l’eau s’écoule le long de mon corps
s’infiltre lentement pour me convaincre
que tout est pénétrable
Je me concentre sur le ruissellement
imperceptible l’arrêter est vain
comme de te convaincre de revenir.
19.
Bien sûr que je t’aimais
et il aurait fallu le dire au tout commencement
lorsque les sentiments encore à l’état de larves
à fleur d’eau étaient frileux comme le prunellier
du talus sous les giboulées de mars
et déjà trop lourds pour un seul être
Tout Homère est là et nous avons
perdu la tradition du dire
C’est pourquoi nous allons côte à côte
comme un attelage aveugle sentant
ta présence à l’effort que tu déploies
à ta respiration
pourtant invisible à tout autre
C’est elle qui me permet d’être ailleurs
quand nos besoins se font sentir
C’est un alliage froid qui dessert autant qu’il
emprunte à l’autre sa force vive
Il importe peu que tu parles encore
dans le mythe de ton verbe
Je connais la chanson pour l’avoir dite
à chacune de mes naissances
à chacune de mes morts.
20.
Qui demain prononcera mes mots ?
Qui sont des mots à toi
libérés de leur émotion
Demain quand nous serons murés
dans le silence
comme les eaux profondes
La fatigue nous aura rejoints
et nous sommeillerons de la même paix
Pas un ne m’accompagnera
J’aurai perdu toute fin
oublié tout commencement.
21.
Langue de l’été qui brûle la peau
la lèche et l’enduit de paroles très anciennes
comme celles des parois sèches
de grottes enchantées où sont des choses certaines
J’ai cherché ta main parmi toutes celles
qui hantent ma mémoire
et n’ai trouvé qu’éblouissement au soleil
Il faut être là au bon moment sinon
les paroles sont inutiles comme des larmes
Il faut être là où le monde avait des ailes par milliers
des animaux fabuleux à perte de vue broutant
l’herbe haute de savanes bossues
des chevaux nains sauvages des antilopes
sachant voler comme dans les fables
Mais tout devint immobile comme lorsque
s’arrête le chant des oiseaux
et qu’à tout moment peut venir le soir
Je reconnus l’impur été
à l’ardeur de sa promesse
à son habile tourment.
22.
Ce n’est pas l’hymne de l’envie
mais le chemin de la lenteur qui suit
la pente douce quand les êtres s’ouvrent comme
les premiers bulbes dans la terre encore froide
Là aucune raison d’avoir peur
les choses s’adaptent s’emboîtent
comme les légo des enfants
dans les formes faites pour elles
Et même si je n’arrive pas à temps
J’aurais suivi la quête dans toute sa longueur
la lecture mot à mot l’apprentissage de la vie
où toutes les valeurs se valent
dans un équilibre de richesses
Ne me donne pas de leçon
même si tu as la foi
tous les chemins mènent au même monde
Ne crois pas que l’homme se délivre
par sa seule foi
Et même si je n’arrive pas
où d’autres sont allés
J’aurais vécu la vie dans le tempo du cœur
l’organe à la rigueur imperturbable
qui aborne l’existence comme un verger
aux fleurs si belles qu’elles donneront des fruits.
23.
Quelle importance a pour toi ce que j’écris ?
Comment savoir ce que ressent une âme
qui ne vit peut-être pas au présent
plus que moi qui erre dans un temps indéfini
au hasard des langues
non sécables dans le temps
Une chose est sûre : ce qui est dans l’espérance
s’exprime plus longtemps peut-être
pour donner le change à la destruction elle-même
Longtemps il m’était impossible de concevoir
ce que serait le lendemain de construire
l’idée même d’une perspective
Puis elle a été engloutie en un rien de temps
comme par magie
L’arbre feuillu n’est plus que sinistre esquisse
de lui-même et toi toi tu ne ressens toujours
aucune fatigue Tu m’exaspères
avec ton rire sonore de printemps
24.
Ton pas est la neige qui avance
dans le duvet blanc des routes
le craquement imperceptible de l’hiver aux portes
ce galop sourd de chevaux légers
qui se fait entendre comme des songes
Il dit le temps qui tambourine aux tempes
frappe comme un volet lâche
Est-ce du temps perdu lorsqu’il glisse
dessous le bruit du monde
avec aux trousses les pas de la neige ?
J’accueillais tous les fuyards des chasses
par les fenêtres ouvertes de mon impuissante
forêt et j’errais avec la fièvre des blessés
entre les mâts feuillus d’un autre âge
Par tous les vents par tous les sens
j’avais passionnément envie de dire
mon ailleurs.
25.
Tout ce que j’ai touché je l’ai détruit
Il me suffit de poser le regard dessus
y mettre un mot de convoitise de prédation
pour que mon bien se transforme
en mélancolie
Je m’y connais à toucher les choses
à les mettre en harmonie avec mon désir
mais les êtres ?
Eux ont trop de volonté propre
ne savent jamais dire les choses comme elles sont
C’est pourtant simple
il y a l’avant et l’après :
les délices de l’apprivoisement
et ne plus être libre de choisir
Tout ce que j’ai touché je l’ai détruit
Je n’ai pas été chassé du paradis
non je l’ai soumis à ma prédation
26.
Je fabrique ta réponse
avec les moyens du bord et je suis sensé
parler ta langue celle que tu imposes : fresques
pariétales hiéroglyphes clous sans tête et doigts
et mains et paroles vernaculaires
Se dessine plutôt un semblant de jardin
qui est ta langue propre
Mais ce n’est plus toi en particulier
qui m’intéresse mais la direction à suivre
aussi vieille que ta langue
Celle qui mène au renouveau perpétuel
comme l’herbe des prés se redresse
après chaque été
Devant ça toi tu n’es rien (à ne vivre
qu’une seule fois) peut-être une âme
susceptible d’être aperçue peut-être
dans l’ombre d’un mouvement
Mais certainement pas la caution
d’un renouveau.
27.
Cette chose qui fait partie de toi
et qui plane au-dessus de mon monde
indépendamment de toi
comme un nuage de chaleur sur le jaune
déteint des genets
est sans consistance
Pas plus que la lumière d’octobre
ne suffit à maintenir la floraison
ce que tu me donnes ne me suffit
Je voulais juste un peu plus de temps
pour le parfaire et me contenter
pour me préparer à l’engourdissement
des sens dans cette matière qu’est le froid
Je sais bien que tout renaîtra un jour
c’est le propre des cycles du monde de la vie
mais quand d’autres paraîtront
moi je ne serai plus
Pourtant tu ne cesses de me dire tes vérités
que je me crois habillé pour l’hiver
comme la terre gorgée d’eau
à elle-même se suffit comme lorsque
tombe le soir après la promenade
le chien se couche de toute sa fatigue
de toute sa confiance.
29.
Mes mots manquent encore de force c’est certain
pour parvenir jusqu’à toi
Tu es ici
mais évidemment tu ignores que tu es là
en pleine jeunesse
Sur ta bicyclette tu hésites à fendre le temps
qui ne t’absorbe pas (comme il a pris toute chose
dans son voile) il ne peut te distordre
puisque ta vitalité est captive
laissant sur la place d’obliques
vols de pigeons
dans leurs battements sans souffle
et cet air blanc sans datation certaine
est exil
Le temps aussi me contourne
Ce que j’ai mis du temps à choisir je m’y tiens depuis
et je m’adresse à celui qui est mien
non à la chair vulnérable que la vie me dérobe
au soleil marqueur des ombres dansantes.
Jean-luc ott
Strasbourg, 2022