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Poésies Jean-Luc OTT

SANS DOUTE HORS DE TOI

I

 

Ce n’est pas toi que je cherche mais l’autre

celui qui avait le pouvoir et la volonté

qui répand à mon sommeil ce qu’il y a

de plus agité et d’inquiétude dans la nuit

et qui repousse sans cesse

comme le chiendent des boulevards

 

Toi qui as fait ma solitude

et qui ne te souviens pas

Quelle ironie !

 

Impossible de ne rien laisser derrière soi

l’humain étant ce qu’il est

C’était au tout début quand il y avait encore

une alternative à la passion

 

Aujourd’hui après les saisons caniculaires

impossible de savoir ce qui va survivre

dans ces terres ingrates ou ressusciter

 

Si tu ne te souviens pas Personne mieux

que moi ne peux savoir ce que j’étais

ce qui a fait de moi ce que je suis

et à qui je le dois.

 

II

Pas question de refaire le monde depuis l’instant

où je l’ai laissé.

L’illusion est préférable à l’usure du temps

et je ne suis sûr de rien en ce qui te concerne

Mais j’ai passé assez de temps à me contraindre

pour savoir que tes deux mains ont forgé

un monde rien que pour nous :

 

Je vois encore les méandres gris du fleuve

sous le ciel gris forcer mon contentement

et ton sourire lumineux comme l’eau sur les galets

Il faut croire qu’il était beau le fleuve

sous ce ciel qui m’attarde

 

Cette vie je l’ai vécue assez longtemps

pour en être libéré en sachant bien

ce que j’aurais à perdre

III

 

Je ne sais plus très bien

ce que je désire

la vie est assourdie

par la vitesse de ses rails

et le dérèglement des sens

ici la lumière lâche ses grands troupeaux

 

Et ce lien à toi ténu fondateur

aussi longtemps que durera la parole

(mon avide vouloir) est là-bas très très loin

un grain d’avoine envolé dans l’azur

par les fléaux du doute

 

Ce que j’allume en toi n’est pas seulement

désordre, mémoire mais trahison.

 

Et tu ne réponds pas

quelles que soient mes attaques

ou mes louanges ou ma langue

rendue étrangère par le futur

IV

Les mots sont nourris de choses

trop anciennes dans ces peupliers-là

bruissaient tant de choses : culpabilité émotion

terreur maintenant re-closes en elles

 

C’est parce que j’étais incapable

de tendresse insensible à ...

que les champs avaient la teinte de l’aridité

que les feux se multipliaient comme les hommes

et les insectes disparaissant laissaient

dans l’ossature du temps

ma nature aphone et fatiguée

 

La somnolence me guette la sécheresse

gagne la partie

dans ce pays exsangue de poésie

dans ce va et vient de doute

et d’amour j’attends mon heure

couvert de cendre

V

Quand la parole s’est faite écriture

c’était déjà des clous qu’il fallait

planter dans les tablettes du temps

pour qu’émerge après une myriade de silence

pour nous le geste agile et frais

d’Enkidu le berger

 

Comment passer à autre chose ?

Ce geste là est comme une caresse qui viendrait

de quelque part d’où l’on n’attendait rien

et qui offre son regard tenace sur aujourd’hui

comme une clairvoyance.

 

Tu ne cesses pas d’exister en me quittant

je ne suis pas fait de cette espèce

d’êtres qui ne vit que du présent.

 

VI

La paix revenue s’infiltre dans les mots

Images et sons mêlés ne forment pas

encore de langage et ne laissent place

à aucun poème

Quand naîtra t-il ?

 

Ici les arbres sont des êtres disparus

l’hiver aux pieds de bronze trace ses lignes

grises qui jamais ne se croisent

Tu sais bien que j’entame la pente descendante

Ce n’est plus la cacophonie du matin

n’étant pas libre en ton cœur

tu n’entendras rien

 

Inévitablement tu reviendras en ton cœur

où sont nés mes poèmes

qui clament comme des oiseaux contrariés

survivant dans la stase de l’hiver

où sont tes pieds de bronze devenus

aussi immobiles qu’un tapis de neige

 

je suis là-bas sans y être

scintillant de ma solitude

VII

Il n’est plus de fruit sur les branches

puisque le fruit est en moi

Il n’est plus de soleil dans ta main

 

Comme le temps est traître à la vie

comme il assassine

 

Les aiguilles des pins ont jauni la patience

a pris corps dans la poussière des allées

Le gardien des ondes positives

est endormi aux quatre coins du ciel

 

Et nul oiseau dans l’entrebâillement

des perspectives ne donne sens aux silences

il faut renaître pourtant pour mourir lentement

comme il est prescrit

 

Quelquefois sur le chemin de terre

où tu n’es jamais revenu

J’entends d’aussi loin que je puis

dans l’immobilité des choses

ton pas d’été comme le crépitement

d’un incendie.

VIII

 

L’essentiel est peu de chose

De n’être jamais lu

préserve l’intime des mots

De réécritures en destructions

jusqu’à ce que tout devienne lisible

indifférence

Alors ne restera que l’aridité

des ruches sur ta carcasse charnue

Et le son de la nature quand le soleil

éponge de son ardeur les prairies assoiffées

possède cette retenue tourmentée

toute charnelle faite de profonde douceur

 

S’il était possible d’enfanter toute chose

de ce même son d’intime quiétude

demain serait quelqu’un d’autre.

IX

S’éloignent de moi une à une

les images comme les feuilles

d’un arbre agenouillé

qui sut porter tant de promesses

 

A quoi bon ressasser sans cesse

ce qui ne peut plus t’émouvoir

Alors pourquoi cet automne-là

plus que tout autre ?

Peut-on transmettre à d’autres

le feu que ta main a touché ?

 

Je peux bien te le dire maintenant

quand le froid domine la chair

que ce soleil-là était vainqueur

Jamais la vigne n’a été plus rouge

et abondant le raisin.

X

Je ne nommerai pas ce que

tu possèdes sans savoir

Mais je saurais lire dans ta beauté

la presse exacte du temps.

XI

L’acharnement à vouloir comprendre

pourquoi de toi l’arrachement

est impossible

Une autre vie n’aurait pas eu

d’autre sens non plus que

tes mots d’autres sens n’éveilleront

 

Et tout ce miel qui dégorge

des poésies qui riment avec ciel

et tous ces oiseaux rebattus

sur leur course de migration

 

Comme un gardien de troupeau

je me résigne au comptage des pertes

à l’appauvrissement des sols

à la poésie des morts qui balayent

mes nuits pour entrer en contact avec

ce qu’on ne trouve pas ailleurs

et m’y glisser comme dans un lac

d’endormissement jusqu’à ce que rêve s’en suive.

 

XII

C’était le jour du jugement

Quand je n’ai pas dit ma réplique

Il te fallait un signe (peut-être eût-il suffi)

Je croyais le langage inutile

Et rien ne vint du fond de moi

comme si tout déjà avait été écrit

 

Entre ici et là la voix se disperse

Paisible est le poème de la vie

il trouve le mot juste réécrit cent fois

pour convenir à ton silence nu

 

Le lien des mots me noue encore à toi

comme s’il savait l’exact chemin à travers

les pommiers les plantains à cinq coutures

jusqu’à ta main.

XIII

 

Le temps a tout séduit

Moi qui croyais l’imminence

de la rencontre

chaque jour rajeunie

qui pouvais donner la réplique

à une conversation vieille

ou qui n’a pas été

 

Alors s’estompent les mots simples

des forêts

 

Alors bien que tu imposes la pureté

de tes formes on ne voit plus que

ce que l’on veut voir

De son œuvre bleue

il a pris toutes ses aises

dans les coins délaissés

comme s’obstinant le liseron sauvage.

 

Alors tu te déplies comme un aéronef

de papier multiplies tes ailes abandonnes

ton lest et tu voles comme dans mon rêve

XIV

J’ai pourtant épuisé ton langage

sur les bûchers de juin

La nuit était douce et sentait le corps en éclosion

tu souriais

les flammes embellissaient ton sourire

il y avait quelque chose d’irréel

et de possible

tant que tu étais là

à brûler comme un damné.

XV

Je n’ai pas la mort dans un manchon

de laine comme Akhmatova dans l’hiver ancien.

ni d’un Quasimodo halluciné les morts

crucifiés aux poteaux télégraphiques

ni les prières aux absents d’Ungaretti

quand un souffle envoûte ses doigts.

 

Je n’ai rien d’un thaumaturge

 

Je n’ai pas connu la guerre

qui rend les hommes plus grands

 

Mes luttes sont laborieuses et sèches

à la manière des insectes recroquevillés,

sereines mes morts à moi sont éteints

eux, dans leur ensemble m’ont abandonné.

XVI

Fin d’été

Les brisures de la lumière entre les volets

pénètrent l’ombre chétive

Hachée elle me communique

l’éclat fracturé des jours passés

Alternance de chemins et de retours

sur des pas qui ne mènent qu’à quelque chose

qui ne peut se poursuivre

 

La bouche obstruée de mots

qui forcément s’efforcent de vivre

La vie craintive aux aguets l’anémie

d’un animal de nuit aux yeux noirs et brillants

et devant moi bavards assourdissants et beaux

partout le lendemain des autres

 

Survivance de la lumière éthérée

quand le soleil fait la sieste dans l’eau

Les libellules sont anachroniques

comme les mains ouvertes des grottes.

XVII

 

Le mur blanc saturé de lumière

devient gris comme un ciel d’orage

Des mots que tu ne croirais pas

sentent l’âme et quelque peu la vie recluse

Et la pluie opaline opacifie les vitres

du silence convenu

En grand train de disgrâce

le train m’éloigne de toi

 

Jamais tu ne seras si proche

si totalement absorbé

dans la buée de mon regard

 

Ma volonté était de t’abstraire du monde

un enlèvement dans les règles de l’art

en quelque sorte pour t’élever

 

Mais mon pouvoir n’est rien

 

Alors j’ai beau te refuser l’existence

comme de te perpétuer à l’instar

de l’herbe du chemin en te gardant

enfermé dans ma mémoire narrative

Tu sais t’enfuir

Tu sais t’enfuir puisque tu n’es rien

que désir.

XVIII

Et toi diffus si diffus même

que des fois tu sembles incertain

 

Tes mains brunes de terres

ont volé en éclats comme des poussières

Les vents font leur travail de transporteur

et tu voyages plusieurs fois autour de la terre

jusqu’à te poser

 

Tu veux être ordinaire

vivre comme tout un chacun dans sa forme

pleurer pour un chagrin

comme l’arbre sa sève et montrer ta joie

en ouvrant grand portes et fenêtres sur le jardin

du monde et ce temps est venu

 

Mais je venais avec trop de choses

non le savoir des justes mais les lourds

pesants du passé dans les gestes

 

Même si je nous savais identiques :

mêmes besoins mêmes corps 

Tu venais trop tôt - Ainsi

 

même si tu me blessais

je ne saignerais pas encore.

XIX

 

De la plus petite chose à l’univers immense

tout est mortel et divers

comme les minuscules flocons de neige

venus de quelque part dont on ne sait rien

et pour un laps de temps très court

 

Il suffit d’un tout petit peu de chaleur

pour que la neige disparaisse

et laisse plein de questionnements

une fois l’émerveillement passé

 

Moi j’attendais le corps propice

 

Pour un combat de titan

j’attendais ce corps propice

pour aller quelque part plus

sûrement que j’étais venu

XXI

 

Une commune joie de vivre l’instant

qui se contente

comme un ronronnement félin

se suffit à lui-même

 

La mer aussi immuablement gravide

se suffit à elle-même

En t’approchant d’elle tu pensais

te glisser dans l’enroulement naturel du monde

Mais c’était sans savoir qui lutte dans l’ombre

de son pouvoir d’attraction

XXII

Qu’est-ce qui nous a séparés ?

Sinon d’étranges choses en nous

éraflées comme la découpe des peupliers

ou les couteaux tranchants de nos pères

Mais peut-on changer de nature ?

 

Mon plaisir n’est pas le tien

alors que faire ? Cesser de t’aimer

ou me taire ?

Sans doute la campagne est-elle là

semblable toute fragile qui tant rassure

mais de toi il ne reste rien

 

j’ai beau chercher ta rage de vivre

dans la cruauté du destin

de toi il ne reste rien.

XXIII

Sans doute dirait-on un ciel coupé

en deux qu’une ligne traverse

Et pourtant c’est le même ciel

qui traverse tes yeux le même

paysage apaisé rieur

 

Le doute est là dans

l’inconsistance des nuages

dans l’hésitation de l’espace

selon que l’on est proche ou loin

La permanence du changement

qui tôt ou tard exclut

 

Mais rien ne saurait être autrement

 

J’entends l’eau qui circule en toutes choses

Le don m’a été donné de l’entendre

Partout mes paroles donnent vie

partout elles te composent

raniment ce qui a vécu

Il n’y a pas de tristesse en elles

rien ne peut les arrêter

ni l’écluse d’un dieu ni ton vouloir

ni la soif d’autrement

 

S’il y a un langage universel

ce ne peut être que celui la.

XXV

En mal d’époque

errance de poésie encore

aux doigts neufs inmonnayables

 

La pluie glisse ressassée

de feuille en feuille

Et l’odeur douce des coings pourrissants

à travers les volets

 

Je n’ai plus droit au bavardage

du chat parti à l’aveugle

Maintenant quand je ne me repose plus

j’entends le vent qui s’insinue

sous la porte tel un moteur

 

Des poissons des profondeurs je prends

la pose en guise de sommeil

Je flaire dans les froids de l’absent

ma désolation animale.

XXVI

L’esprit de l’hiver s’agrippe aux gestes aux yeux

dans un échange intensément muet

Puis glisse simplement comme un fruit trop mur

sur le sol vorace que d’autres piétineront

 

Que reste t-il alors de la parole reçue ?

Sinon ce froid coupant de fanes sèches

La perception du temps qui passe 

et qui ne revient plus

 

Et la voix qui reste parfaitement ce qu’elle était

plus longtemps que tout autre chose

maintient ce quelque chose en état

de dépendance dans l’entre-deux

 

Mais quel son avait-elle ? Quelle intention

poursuivait-elle ?

Ma mémoire ne l’a jamais su

XXVII

Une solitude qui s’incruste

le lot commun

Déjà la chatte que j’ai portée

jusqu’au bout du bout s’est endormie

 

Qui le matin viendra mettre

sa tête dans mes mains

en toute confiance ?

 

Avec qui parler encore jusqu’à ce que

d’eux-mêmes les mots s’épuisent

 

Je me tourne vers le mur. Sa verticalité

m’apprend la profondeur des choses

Je n’ai pas autant souffert de ton absence

depuis le temps que je vis avec elle

XXIX

 

Comme un flocon de neige sur tes cils

je vois quelque chose qui n’existe pas

dans le gris du courant le fretin

de tes désirs se délayer peu à peu

 

Est-il possible qu’un être aussi ridiculement

présent pénètre ainsi mon existence ?

 

Ce qui vivait dans cette colonie cherchait à vivre

la différence dans ce tout qui maintenant se dilue

se disperse dans le courant

et le héraut vierge de tout fait d’armes

se tient dans la lumière comme un géant

 

La neige a vécu son illusion d’enfance

comme le langage convenu

lorsque couché un bras sur les yeux

l’attente du plaisir se fait chair

me soumet et me délivre

Combien de temps

encore pointera comme une douleur

l’âge d’or sur la poitrine ?

 

Armé d’une patience de buis

j’avais l’attente enracinée en moi

l’attente de tout un monde.

XXX

Ne me retiens pas de ton poids inutile

Un ciel n’est ni haut ni bas

ni vaste ni restreint Il est ciel seulement

comme on sent en soi un grand plein

ou un grand vide

 

Pourquoi vivre est-il si difficile ?

Qu’avons-nous bu de si amer ?

 

Les mots pour le dire sont là

en vrac sur la table avec les restes du repas

et la complexité de la syntaxe jusqu’à toi

 

Les mots se ruent hors de ma pensée

stockés là depuis qu’il y a de l’argile et de la matière

Que le temps a passé

qu’il est loin l’orage

Mais il est passé l’été et ses engagements

 

Là-bas dans le trou noir

où toute matière se rue même celle

qui n’a peut-être jamais eu d’existence réelle

Il devrait y pleuvoir tous les rêves des galaxies

les tiens aux miens mêlés dans un grand corps

à corps pour demain.

XXXI

 

Sans doute disais-tu ma paix connaître

par les insectes vibrants bourdonnants

Sans doute en dehors de toi

Ai-je vécu

 

Nous n’avions pas aimé nos corps

ni l’époque étriquée

ni l’espace rétréci comme une forêt

devenue sèche

 

Avec un peu de ta volonté je saurais

redonner consistance à notre temps

à nos vêtures désuètes les recycler

pour que jamais ils ne se disloquent

parmi les vertèbres craquantes

de la nuit.

XXXII

Mais n’attend pas un seul instant

que je te libère

la vie déformée par la volonté

ne se venge pas encore

j’y suis libre et heureux

au bon vouloir du temps

 

Tout s’appauvrit dans l’universel

Tout se dilue dans l’humain

Bientôt il faudra ne plus écrire

que les mots qui se comprennent

ne plus encenser que les cercles

vertueux.

 

Tout le monde enfante

et moi je n’en ai tout simplement

pas besoin

XXXIII

 

Y aurait-il une raison valable pour que je te pardonne ?

N’as-tu pas réduit ma vie à quelque chose de fripée

comme le légume oublié dans le frigo ?

 

Le pardon est un acte de foi et je n’ai pas

une totale confiance en toi

Quand je regarde la nature épuisée

par la canicule alors qu’une simple pluie

en un mois de ton temps aurait pu effacer

ces blessures sans qu’il ne t’en coûte rien

 

Je ne connais pas le pardon

 

D’ailleurs je crois que tu n’as pas le moindre

doute la-dessus puisque tu ne réclames rien

Non pas que tu te résignes c’est triste à dire

mais tu es indifférent à la chose :

Un acte de foi ?

Pourquoi ne pas me donner la paix universelle

ou enlever les ruines de mon corps !

XXXIV

Le présent seul m’est à charge le passé

t’appartient et le futur est pleinement à d’autres

 

Est-ce encore l’été ? Y a t-il encore de la lumière

dans ces yeux et sur la terre ?

A t-elle cessé de m’éblouir pour que je te distingue

et constate ce que je n’ai pas vu ?

 

Mon pouvoir est faible il ne représente pas plus

que quelques milliardièmes de la planète

mais il reste entier et libre

personne ne peut m’empêcher

 

Alors songeant comme le grain dans la terre

enfermé quand elle devient hostile

par l’hiver parce qu’il ne se souvient plus

je me dis que je ne me tairais pas

car les mots sont le pouvoir des faibles

ils se ressassent se contorsionnent en vase clos

pour témoigner et ne pas tomber

au plus profond du sommeil dans l’oubli

 

Quelque chose comme ce qui pour toi

n’est plus rien quand elle m’obsède encore.

XXXV

Je fixe la nuit ouverte

sur le possible

ce trou noir pleins d’étoiles déjà consumées

ou encore à naître des fois qu’une seconde

chance nous soit donnée

 

Les ténèbres

ne sont qu’une façon de voir les choses

J’interroge cette nuit intérieure

devenue sereine où parfois

les êtres sont visibles

derrière leur négligente absence

 

Sache que quand tout est si dense

(et seulement dans ce cas)

il n’est pas besoin d’ailleurs

ni de consentement.

 

​Strasbourg Octobre 2004 juillet 2022

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